Apolline Rietsch, récompensée du Prix de mémoire de fin d’étude de la Fondation Xavier Bernard
06 octobre 2022Organisé par l'Académie d'Agriculture de France, ce Prix a été décerné cette année à neuf élèves venus d'établissements d'enseignement supérieur agronomique, publics et privés et qui auront présenté, au moment de la sortie de leur école, les meilleurs mémoires de fin d'études. Apolline Rietsch, ingénieure AgroParisTech en Gestion des milieux naturels, fait partie des lauréats pour son mémoire intitulé : "Impact des ongulés sur le renouvellement forestier et application à la gestion sylvicole".
Etude d'une filière rizicole biologique, bien-être des chèvres laitières, analyse des exploitations familiales en élevage bovin...Des sujets de mémoires de fin d'études riches et variés qui ont été examinés et récompensés par une Commission composée de membres de la Fondation Xavier Bernard, du Bureau de l’Académie d'Agriculture de France et des experts.
Parmi eux, le mémoire d'Apolline Rietsch, portant sur l'étude du comportement alimentaire des ongulés, des espèces de grands gibiers de plaine (chevreuil, cerf, mouflon, chamois spécifiquement) en milieu forestier. Etudier la consommation de ces animaux en matériel végétal comme les bourgeons, les feuilles, les tiges ou encore les aiguilles, c'est étudier un comportement alimentaire (nommé "abroutissement") qui peut poser un problème en milieu forestier : il est d'ailleurs aujourd'hui considéré comme la troisième menace pesant sur les peuplements forestiers après les insectes et les tempêtes. Pourquoi est-ce une menace ? « Parce lorsque la pression d'abroutissement est trop importante, des difficultés de régénération peuvent apparaître et compromettre l'ensemble du renouvellement forestier. En France, la plupart des gestionnaires forestiers sont confrontés à cette problématique » explique Apolline Rietsch.
Apolline RietschL'abroutissement est d'ailleurs aujourd'hui considéré comme la troisième menace pesant sur les peuplements forestiers après les insectes et les tempêtes.
Mesurer l'impact de l'abroutissement pour identifier un levier d'action
Afin de mesurer précisément l'impact de cet abroutissement par les ongulés sauvages, il faut un terrain d'études et il faut une méthode. Pour le lieu d'expérimentations, le plus approprié est la réserve nationale de chasse et de faune sauvage de La Petite Pierre en Alsace, créée en 1952 en tant que réserve domaniale ministérielle : « Plusieurs dispositifs de recherche ont déjà été mis en place sur ce territoire, notamment sur la gestion des ongulés et sur leur impact sur le renouvellement forestier. Parmi les dispositifs, la méthode Aldous, sur laquelle porte mon mémoire, y a été mise en place depuis 2006.»
La méthode Aldous, quésaco ? C'est une méthode très précise d'estimation de l'abroutissement et de classement d'espèces végétales sous forme de classes : « Elle repose sur un système de placettes circulaires de 40 m² réparties de façon systématique sur le territoire étudié. Sur chaque placette, l'ensemble des espèces ligneuses et semi-ligneuses est inventorié et une classe d'abroutissement et de recouvrement leur est attribué (< 1 %, 1-5 % , 5-20 %, 20-50 %, 50-75 % et > 75 %). Parmi les espèces particulièrement étudiées dans la réserve de La Petite Pierre, on peut citer la ronce Rubus fructicosus (espèce semi-ligneuse), le sapin Abies alba et le hêtre Fagus sylvatica (essences forestières de production)» précise Apolline.
L'utilisation de cette méthode par classes a permis de faire une analyse plus fine de l'abroutissement et d'identifier les facteurs influençant l'intensité d'abroutissement des espèces végétales afin d'entrevoir un levier d'action. Les résultats mettent en avant le rôle clé des ressources alimentaires et suggèrent la mise en place de zones de gagnage en ronciers à destination des ongulés, sur au-moins 5 % du territoire et réparties de façon homogène. Les résultats apportés par la méthode Aldous sont encourageants et ouvrent la réflexion sur le développement de nouveaux indices « forestiers ».
« Ce prix a été une belle récompense pour l'ensemble du travail réalisé et est une grande valorisation de l'accompagnement de mon tuteur de stage et de mon professeur référent » conclut Apolline Rietsch.